
Chaque jour, le monde du jeu vidéo tisse de nouveaux liens avec la culture populaire. Mais quand la frontière entre hommage et appropriation s’efface, les projecteurs s’allument, et cette fois, ils éclairent le ring où s’affrontent Epic Games et le rappeur 2 Milly.

La société à l’origine de Fortnite se retrouve face à la justice, accusée par Terrence Ferguson, alias 2 Milly, d’avoir repris sans autorisation sa chorégraphie signature, le fameux « Swipe It ». Ce mouvement, propulsé sur le devant de la scène avec la sortie du titre « Milly Rock », a marqué bien plus qu’un simple passage éphémère sur les réseaux sociaux : il s’est imposé comme un geste culte, immédiatement reconnaissable.
« Swipe It » n’apparaît plus aujourd’hui dans la boutique du jeu, mais les joueurs qui l’ont acheté, pour une poignée d’euros, cinq précisément, peuvent toujours l’exhiber sur le champ de bataille numérique. L’affaire, elle, continue de grandir loin des écrans.
Derrière cette plainte, une accusation claire : Epic Games aurait profité de la notoriété et de l’expression artistique de Ferguson sans lui rendre le moindre crédit. Le dossier dénonce un usage jugé abusif : la danse aurait été reproduite, vendue, et déclinée en produits dérivés sans aucun accord ni rémunération pour son créateur.
Le procès va plus loin : « Même si la chorégraphie intégrée dans le jeu est identique à celle créée, popularisée et exposée par Ferguson, Epic n’a ni mentionné son nom, ni obtenu son aval pour l’exploiter, la vendre ou en faire une déclinaison. » La plainte met en lumière un malaise grandissant dans l’industrie vidéoludique : où s’arrête l’inspiration, où commence le plagiat ?
L’affaire ne se limite pas à « Swipe It ». D’autres emotes de Fortnite sont pointées du doigt pour avoir puisé leur inspiration dans des chorégraphies célèbres. Impossible de passer à côté de « Ride the Pony », dont l’allure rappelle furieusement le « Gangnam Style », ou encore de « Fresh », indissociable de la danse popularisée par la sitcom « Le Prince de Bel-Air ». Même « Tidy » fait écho à un mouvement vu dans « Drop it Like It’s Hot ». La liste s’allonge, révélant une tendance qui interroge.
La démarche judiciaire vise deux objectifs : stopper la revente de la danse sur le jeu et obtenir une indemnisation pour Ferguson, couvrant aussi bien les pertes subies que les coûts liés à la procédure.
2 Milly n’est pas seul dans ce combat. Avant lui, Donald Faison, acteur de la série Scrubs, n’a pas caché son agacement face à la reprise non autorisée de sa propre chorégraphie, rebaptisée « Dance Moves » dans le jeu. Le sentiment d’injustice gagne du terrain parmi les artistes, qui voient leurs créations détournées sans reconnaissance.
Quand une simple danse devient l’objet d’un bras de fer judiciaire, c’est tout l’équilibre entre inspiration, créativité et droits d’auteur qui se trouve bousculé. L’industrie du jeu vidéo, elle, devra tôt ou tard décider : s’inspirer, c’est aussi respecter ceux qui ont créé l’original.










































